Yaris GR : un essai plus poussé et un nouveau regard

Essayeur : Beef

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  • Essai Toyota Yaris GR : La meilleure voiture pour du bolidage ? par Mountain Drivers

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Après un essai rapide basé sur les premiers kilomètres en rodage de la Yaris GR de l’EDG Racing, il était temps d’aller plus loin et ce pour plusieurs raisons :

  • D’abord voir ce que donne l’auto rodée
  • Aller plus loin et corriger quelques points potentiellement négatifs de l’auto, notamment sa vivacité et sa souplesse d’amortissement.

J’ai donc fait 1500 kilomètres de rodage sans dépasser 4500 tours/minute, et surtout sans sous-régime, et j’ai ensuite commencé à plus solliciter le moteur, pour ne plus hésiter après 1700 kilomètres. En s’assurant toujours que le moteur soit bien chaud (au moins 10 kilomètres cool pour laisser tout monter en température) et aussi en laissant l’auto reposer au ralenti après un bon roulage.

Cette auto commence déjà à faire plaisir visuellement, elle est vraiment sympa et son look évoque clairement les fameux véhicules « homologation » des années groupe B et surtout groupe A ensuite. Ça je l’avais déjà ressenti au début mais cela se confirme chaque jour. Et son look plait beaucoup, j’ai eu beaucoup de retour positif tout au long de nos périples et même si je n’achète pas les autos pour cela, c’est intéressant de voir à quel point l’initiative de Toyota plait aux gens.

Elle est très agréable à rouler au quotidien, ultra confortable, relativement silencieuse et j’ai fini par trouver une bonne position de conduite malgré mon 1,88m et l’assise vraiment haute du siège conducteur. Le kit de rehausse du rétroviseur central aide bien. Désormais je suis très bien dans l’auto et même mes amis encore plus imposants (1,95m par exemple) arrivent à se caser assez bien sur la place passager.

Le moteur se libère peu et les bonnes sensations ressenties en dessous de 4500 tours/minute, c’est-à-dire la pêche incroyable de ce 3 cylindres (360 NM de couple quand même !), se confirment dans les tours. Ça pousse comme dirait Étienne le Bolideur ! Le moteur est vraiment joyeux jusqu’à 6000 tours/minute et donne une légère sensation d’essoufflement (vraiment légère) au-dessus. Mais clairement plus les kilomètres passent, plus je sens le moteur rageur à haut régime, on peut donc imaginer qu’il va de plus en plus se libérer. Et bien sûr c’est relatif car cela envoie vraiment bien et on est catapulté par le couple dès les plus bas régimes et si on tire les 7000 tours, le rapport suivant retombe dans la bonne plage et la poussée continue non stop. On se retrouve vite à des vitesses balistiques. Donc carton plein pour le moteur ! Surtout sur petites routes où on en besoin de relance. Là c’est l’extase, on soude et on sent une poussée super forte jusqu’au virage d’après. La réponse est quasi immédiate.

Certains parleront du son… bon clairement ce n’est le Flat6 de la GT3, ni le V8 de la Mustang, mais le trois cylindres, bien aidé par une action artificielle sur les hauts parleurs, sonne vraiment de façon rageuse et sympa. Cela contribue à l’ambiance rallye. Bon, pour être honnête, seul le résultat m’intéresse et je me fous complétement que ce soit artificiel ou non, du moment qu’on essaie pas de me faire écouter un son de V8 pour un 3 cylindres.

Il restait donc ce fichu sujet du comportement. Cette auto en général encensée par les essayeurs, malgré les mises en garde des plus pointus d’entre eux, n’est pas l’auto absolue, la meilleure auto du monde… C’est vraiment une super auto, mais c’est plus une auto unique à notre époque que la référence absolue. Elle est proche, en mieux car plus moderne, de ce que faisait Subaru, Mitsubishi et même Lancia avec son Integrale. J’ai beaucoup pensé à l’Integrale en roulant dans la Yaris, et même un de mes passagers a évoqué la Mazda 323 GTR aussi courte et aussi vive.

Quel était le problème ? Je trouvais que je n’arrivais pas à avoir la même confiance que toutes mes autres autos passées et présentes dans le rapide et les grandes courbes. Je devais mettre du frein pour poser l’avant et tenir l’auto en limitant les mouvements de caisse liés à la souplesse des amortisseurs. Bref, un petit doute à chaque virage dans le rapide, et cela n’aide pas à la confiance. Et après quelques finesses, je sentais une auto très vive, qui n’hésite pas à décrocher si on est pas vigilant et qu’on a pas les bons gestes. Bien sûr je parle de bolidage en mode « du gros ». Aux allures normales et même rapides l’auto reste super stable et saine.

Arrivée vers 2000 kilomètres, l’auto est prête pour un bolidage plus sérieux. L’occasion m’est donnée par notre ami Yoann de La Balade Française qui sous couvert d’un projet farfelu d’achat d’une montre exceptionnelle de la jeune (et pourtant pleine de succès) marque Baltic me propose de descendre au Circuit Paul Ricard pour les 10 000 tours ou la dite montre sera exposée. Il s’agit en effet d’un partenariat avec Peter Auto, organisateur des 10 000 tours, et il faut dire que la montre en question est superbe et que le fondateur de la marque est plus que sympa est passionné. Un homme en plein dans les valeurs de l’EDG Racing !!!

Bref, nous voilà partis d’abord par l’autoroute pour descendre au sud. La Yaris s’y révèle parfaite. Confort, pas trop bruyante à 130 km/h, et ça roule très bien. Juste cette fichue manie de coller des régulateurs adaptatifs partout aujourd’hui. On force les gens à se reposer sur l’auto : lane assist, front assist, régulateur adaptatif… On en fait des conducteurs ultra assistés qui pourraient avoir tendance à se reposer sur l’auto. Alors que la meilleure sécurité c’est de regarder loin, d’anticiper, d’adapter sa vitesse aux conditions et de pas rester dans la file du milieu comme certains…

Je vous passe nos aventures sur le circuit, mais ce fut très sympa et Yoann a pu commander officiellement sa montre sur le Ricard (sans en boire une goutte pourtant). 12h30 nous voilà reparti et là c’est un programme de 5 heures de belles routes et beaux paysages : Signes, Manosque, le Col de l’Homme Mort, le col d’EY, le défilé de 30 pas …. Du gros !!! Cela va représenter 70% de petites routes dont certaines vraiment typées spéciales de rallye (certaines le sont pour de bon) avec néanmoins de la visibilité, et 30% de routes départementales désertes.

La Yaris va très vite confirmer sa direction vraiment agréable, ses freins puissants et semblant inépuisables dans cet usage malgré une température extérieure supérieure à 30 degrés et bien sûr son moteur qui envoie du diable sur ces routes. On réalise très vite qu’ils ont enlevé toutes les lignes droites dans la capacité de remise en vitesse du truc est forte : sortie de virage, on soude et là, catapulte jusqu’au suivant. Les freins répondent présents avec une sensation rassurante pour le pilote. Cette sensation reste absolument identique du début à la fin.

Là je peux enfin profiter de toute l’allonge du moteur au lieu de changer le rapport entre 4000 et 4500 et ça change beaucoup de choses. Cette auto, compte-tenu de sa souplesse de suspension (bien utile dans le bosselé et même sur une route typée rallye) est sensible aux transferts de charge. Et accélérer-freiner souvent la perturbe beaucoup. Désormais j’ai tout le compte-tour pour exploiter la mécanique et donc beaucoup plus de latitude pour caler l’auto et profiter du moteur.

Je pense que je commence aussi à la comprendre, même si il faudra encore pas mal bosser et j’ai déjà prévu d’y travailler avec Dudu notre Chief Instructor à l’EDG Racing. J’ai aussi beaucoup regardé les vidéos de Rasso-Ouest et aussi celle de Davide Cironi, dont je trouve l’analyse de la Yaris absolument top. Cela m’a aidé à corriger ma conduite et à l’adapter à cette auto dont je redis qu’elle n’est pas évidente et qu’il faut s’appliquer. Si bien sûr on veut vraiment s’en servir en mode « du gros ».

Il faut aussi accepter une part de mobilité assez significative au placement, mais je vais le découvrir, cette mobilité est vive mais raisonnable. C’est-à-dire que en plaçant l’auto, qui en a vraiment besoin, avec les freins, si on insiste un peu, on sent que l’arrière va venir et d’ailleurs il vient. Alors attention, je n’ai pas le talent d’un grand pilote qui lui va en profiter pour placer l’auto en dérive et la gérer comme ça, mais on peut la sentir nettement se placer avec un arrière qui bouge. Cela surprend au début surtout quand on est vite, mais je réalise progressivement que cela ne va pas aller trop loin et que l’auto est conçue comme ça et qu’il faut accepter et gérer cette mobilité. Ce n’est donc pas une instabilité mais bien une mobilité un peu vive. Donc attention une machine à ne pas mettre entre toutes les mains (et qui ne laisse pas indifférent !) sur le sec comme sur le mouillé. Il ne faut surtout pas se dire « j’ai 4 roues motrices donc je suis collé à la route et je ne crains rien ». Pas du tout, si on ne fait pas ce qu’il faut c’est muret, sapin ou pire !!! La capacité de l’auto à pardonner existe mais elle est d’une tolérance limitée et pourrait se vexer d’être mal utilisée !

Alors attention, si on roule avec toutes les aides, tout va bien !!! Je parle depuis le début d’une conduite dynamique, en mode track et avec toutes les aides déconnectées.

Nous continuons d’enchaîner les virages et les cols avec Yoann, nous en profitons même, par le truchement (non ça ne fait pas mal !) d’une GoPro, pour tourner une émission sur la Yaris live en plein bolidage. Elle sortira dans les prochaines semaines sur la chaîne de notre ami baladin. La confiance vient, et j’en profite pour encore souligner l’excellence ces PS4S de Michelin. Quels pneus fantastiques !!! Je pense que leur espérance de vie à ce rythme et sur cette auto n’est pas élevée mais quel résultat et quelle sécurité !!!

En milieu d’après-midi, j’ai près de 500 kilomètres de route dans les jambes et les bras et je me sens enfin parfaitement bien dans la Yaris. Plus de crainte, une vraie confiance et un plaisir inouï. L’auto vole littéralement de virage en virage, et donne un plaisir très intense tant au pilote qu’au passager. Yoann semble se régaler à côté et on a le sourire en permanence. Les freins sont tellement biens, le moteur tellement pêchu… Par moment je prends vraiment une grosse cadence et même sur des routes vraiment bosselées, avec parfois des cassures très nettes, des dévers, du banking … l’auto reste impériale et se place parfaitement et avale tout sans difficulté.

Plus on tient de la cadence plus il faut être concentré. L’auto peut se conduire en daily, mais si on bolide, il faut (je sais je l’ai déjà dit !) être super concentré et écouter l’auto et avoir bien lu le manuel du transfert de charge qui est plus qu’important dans cette auto (même si en général c’est très important, là c’est vital !). Heureusement Toyota a vraiment construit une auto faite pour ça, avec des ingénieurs qui ont développé une base d’homologation du WRC.  Donc si on lui donne ce qu’il faut, elle nous rend ce qu’il faut.

Les routes très rapides de fond de vallée qui autorisent une cadence plus rapide qu’un col tortueux vont m’apporter la réponse que j’attendais, l’auto désormais, même dans ces conditions où j’étais hésitant, me donne enfin confiance. Il faut vraiment regarder loin, conduire sur les bonnes trajectoires (merci Dudu), bref s’appliquer, et accepter toujours cette mobilité, et tout va bien. Un léger freinage pour la caler et/ou la freiner et on a une super plage moteur pour accompagner la sortie du virage en pleine accélération, et parfois avec une légère dérive des 4 roues.

Je pense qu’il est temps de rappeler une des maximes préférées de notre Chief Instructor : « si au premier tiers du virage tu ne peux pas accélérer à fond, ne réfléchis pas plus loin, tu y es rentré comme un con ! ». Et bien j’ai travaillé ça avec soin et détermination. Il faut l’âme de John Wick pour cette auto : être déterminé et concentré !

Et finalement on se rend compte qu’on la comprend et que les règles du pilotage s’appliquent parfaitement à elle comme aux autres, il faut juste intégrer la personnalité et le comportement de l’auto. Un exemple : trop vite, un virage qui se referme, on soulage un peu et l’auto rentre à la corde ou une longue courbe, si on a bien la bonne trajectoire, on peut vraiment souder très tôt et la transmission magique (on est sur une version track) tient l’auto sur la trajectoire. Plus on soude plus les différentiels nous la tiennent à la corde et on passe comme une balle avec un plaisir maximal.

J’ai encore du boulot comme je le disais mais j’ai le sentiment d’avoir passé un cap. Je suis retourné sur des routes que je connais par cœur pour voir et surtout pour éliminer la surprise de la route qui se rajoute à la charge mentale quand on découvre l’auto. Et là, j’ai découvert avec plaisir que j’étais vraiment à l’aise dans l’auto et que je commençais à essayer des choses, à la « jeter » plus fermement dans les virages, à la laisser un plus bouger, à la placer de façon plus « osée » et aussi à utiliser (avec parcimonie) l’excellent frein à main qui aide bien. J’irais presque à dire que j’ai pu trouver un léger manque de chevaux par moments. Mais c’est là où il ne faut pas s’enflammer et rester modeste. Il reste encore à progresser et continuer l’apprentissage. Mais le cap compliqué est passé, maintenant on rentre dans le progrès !

Je me demandais aussi vraiment si ce serait une auto de bolidage à la journée ou si elle serait capable de faire un vrai road trip. La réponse est oui, elle est super pour les 2 usages. Vu les magnifiques paysages traversés (mention spéciale au Col de l’Homme de Mort et à la descente du Col d’Ey sur Sainte-Jalle), nous avons parfois roulé paisiblement pour profiter la vue. L’auto préserve notre dos, a une super clim, un CarPlay qui marche bien et même une petite sono sympa. A deux grands gabarits on n’est pas serrés et le coffre et la banquette arrière sont largement suffisants.

Je reviens donc enchanté de la Yaris et même si j’étais satisfait à l’issue des premiers kilomètres, je suis désormais super attaché à cette voiture unique dans la production actuelle.

J’ai fait quelques améliorations qui se verront sur les photos, et d’autres sont à venir. Comme annoncé, le rétroviseur a été rehaussé, des bavettes ont été posées et le pare-soleil EDG Racing complète le look de la voiture.

A venir, je vais tenter le kit d’abaissement de 3 centimètres du siège conducteur. Un kit qui a l’air très bien et qui conserve surtout tous les réglages du siège et qui devrait permettre de se faire une super position de conduite. Je demanderai à mon concessionnaire lors de la révision de me purger les freins pour avoir un liquide de type Castrol SRF. Sur ce point, je suis super content des freins, de la sensation, mais comme je fais purger tous les 6 mois à un an selon les autos, autant mettre un super liquide. Et puis surtout on va relever la géométrie d’origine avec Royans Sport Racing et à partir des valeurs enregistrées et de mes sensations, on verra s’il y a matière à faire quelque chose sur l’auto ou non. Sachant que sur ce dernier point il reste du boulot sur le pilote !

Je précise aussi qu’après plusieurs essais tout le bolidage se fait en mode Track donc avec une répartition de 50-50. Je ne vois vraiment pas l’intérêt du mode Sport, sauf peut être pour le fun sous la pluie ou cet hiver sur la neige. D’ailleurs je vais bientôt commander les pneus neiges qui seront montés sur les jantes de la Premium et on verra ce que donne l’auto sur la neige cet hiver !

Un dernier mot sur la consommation… Elle est importante, on n’est jamais sous 10l/100 et on tourne assez facilement entre 12l/100 et 15l/100. C’est beaucoup mais ce n’est pas 30l/100 comme sur les Mitsu de la grande époque ! Ponctuellement je pense qu’on peut être entre 25 et 30 litres mais sur un road trip comme le notre on a fini nos 700 kilomètres avec une moyenne de 11,9l/100. Notons au passage qu’elle est en Crit’Air 1 donc on peut rouler partout !

Par ailleurs, si on fait l’entretien chez Toyota et que l’on ne modifie pas la voiture, elle est garantie 10 ans… ce qui en dit long sur la solidité… On verra à l’usage car si elle est vraiment ultra fiable, à ce niveau de performance, ce sera vraiment une auto folle !

L’auto a désormais 2700 kilomètres, elle répond parfaitement à mes attentes même si elle a pris des chemins tortueux pour le faire. C’est une auto formidable mais délicate, qui demande de garder la tête froide, de rester modeste, de chercher à comprendre et de vouloir progresser avec elle. Mais si on respecte ça, on sera au volant d’une machine à sensation ultra performante, tournée sur le plaisir de pilotage et avec laquelle on peut apprendre et progresser. Et c’est aussi une machine unique comme on en faisait plein « avant » et plus maintenant. Dernière précision, sur le circuit je n’ai aucune idée de ce que vaut vraiment l’auto, je note juste que Christophe Tinseau qui l’a essayée pour Sport Auto l’a effectivement trouvée trop souple et pas si parfaite pour cet usage… Base d’homologation de WRC et pas de proto d’endurance ou de machine de piste… gardons-le en tête…

Vous aurez tout ça en image bientôt avec la vidéo tournée à bord sur La Balade Française, un reportage avec les Moutain Drivers et un reportage complet avec La Balade Française dans quelques mois et certainement aussi un retour sur l’ouverture du rallye de la Noix de Grenoble, fin octobre.

Du gros !