Toyota Yaris GR : c’est très bien mais pas si simple !

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Dernier article sur la Yaris GR de l’EDG Racing après les deux premiers sous forme de prise de contact et d’essai plus abouti.

Cette auto est extrêmement attachante à la fois par ce qu’elle représente, base d’homologation en WRC, par son look rallye et aussi par sa proposition unique aujourd’hui sur le marché, contrairement aux années Sub, Mitsu, Lancia, … Bref je l’aime beaucoup et elle fait partie des autos que je suis content de voir dans mon garage quand j’ouvre la porte !

Et pourtant … ce n’est pas si simple !!! On a compris au travers des précédents essais que je me suis battu avec cette auto quant à son comportement routier très vif à l’attaque. Après les premiers temps, on a pu voir dans quelques essais avisés pointer cette vivacité demandant à être « bien réveillé » selon l’expression de Yann le Jossec, parfois qualifiée de « ludique ».

Alors ludique sur piste peut-être, mais à l’attaque sur des routes que l’on ne connaît pas et où on peut être surpris par un virage (en étant pas totalement débile bien sûr, il ne s’agit pas de rouler à tombeau ouvert et sans cerveau), le côté ludique peut paraître d’un coup beaucoup moins fun… Je me suis fait piéger plusieurs fois, heureusement sans conséquences.

On peut incriminer son empattement court, pas si court d’ailleurs, ses réglages d’origine… mais aussi bien sûr le paylote !! Donc j’ai bossé à me dire qu’il fallait s’appliquer, la conduire différemment… Pourtant des intégrales sportives j’ai en eu un nombre important (de la BMW E30 325ix, si si si c’était sportif à l’époque !!, aux Sub et Mitsu de tous types), mais là c’était différent. En fait l’auto n’aime pas les corrections et il faut être parfait dès l’inscription et avoir pile la bonne trajectoire et là c’est bien. Et pourtant le propre du rallye, c’est l’improvisation, la capacité à pouvoir corriger et s’adapter… Au bout d’un certain temps je m’en suis mieux sorti, mais j’utilisais souvent le frein pour poser l’auto en l’inscrivant, certes pour la ralentir, mais surtout pour la poser. C’est certes normal, mais dans beaucoup de virages où par exemple ma Renault Megane 4RS Trophy R passait à bloc sans lever le pied, il fallait ralentir et poser la Yaris avec les freins. Frustrant quand on connait cette auto qui ne demande qu’à accélérer.

J’avais aussi trouvé un compromis d’utilisation : les virolos très denses. En effet, dans le rapide, grandes courbes, l’auto était « à la peine » (bon elle était toujours mieux que pas mal d’autres autos) car trop souple et travaillant mal. Par contre, dans des spéciales ou routes très tournantes elle était royale et donnait beaucoup de plaisir, surtout grâce à la capacité de relance au top de son moteur incroyable. Alors on pourra me dire « dis donc machin, ton bidule GR, c’est une caisse de rallye, pas d’autoroute ! » … OK mais certains cols sans être proches d’une autoroute (quoi que quand on voit la Forclaz par exemple…) sont très rapides…

In fine, cela finissait par générer une frustration entre un comportement un peu exclusif, et une auto au look et au moteur génial. J’avais donc décidé dans ma tête avant l’été 2023 de la vendre à l’automne. Car par exemple ma Golf 8R faisait mieux le job « tous temps » avec beaucoup plus chevaux. Elle était moins bien dans une vraie spéciale, en restant quand même remarquable, mais tellement bien dans le rapide et les fameux cols.

Mais tout ça c’était avant ! et surtout sans connaître l’esprit de l’EDG Racing ! Avant de vendre, on est allé rouler encore avec l’équipe technique de Royans Sport Racing et avec le Chief Instructor de l’EDG Racing, le fameux Petitdéhu au palmarés fourni depuis 50 ans sur toutes les surfaces et dans toutes les disciplines.

Résultats des courses, en effet cela secoue trop, vertical mal contrôlé (détente surtout), auto trop haute … La reco du Chief est simple : descendre un peu l’auto et mieux contrôler la détente (pourtant la détente à l’EDG Racing on connait bien avec des olives de Nyons, des chips aux truffes et un pastis, mais cette recette ne marche pas hélas avec la Yaris…).

Du coup, assez vite je décide de commander (chez PFP Racing) le kit complet de suspensions Öhlins Road&Track TOS MW00S1, kit qui va bien pour la Yaris. Pourquoi le choix de Öhlins ? Je suis un grand fan de Bilstein depuis toujours notamment sur mes GT3 et sur mes M3, notamment le job fait sur le retarage des Bilstein de mon ex 997 GT3 ou sur mon ex M3 E30 GrA est fantastique. Mais je suis tout aussi fanatique des Öhlins les ayant expérimentés sur mes ex Megane 3 et 4 RS Trophy R. Ils sont extrêmement performants, fait pour la petite route, avec une capacité d’absorption remarquable, et surtout ils sont simples à régler. J’ai toujours un petit sourire pour ceux qui feraient le choix des réglages multiples … trop de réglages tue le réglage et on a pas tous un ingénieur châssis dans la boîte à gant … Le kit est donc commandé, il faut prévoir un peu de temps car il est produit par Öhlins Japon, mais en quelques semaines il est livré. Bien sûr tout est fourni, les ressorts, les amortos, tout ce qu’il faut ainsi qu’une note très détaillée.

Comme d’habitude le travail est confié à l’équipe de Royans Sport Racing à Saint-Jean-en9Royans. J’en profite au passage pour résumer tout ce qui a été fait sur cette Yaris, qui en fait à mon sens, une auto vraiment adaptée désormais au bolidage :

  • Rehausse du rétroviseur intérieur
  • Rails d’abaissement des 2 sièges DNA (- 3cm)
  • Bavettes avant et arrière (vraiment efficace d’ailleurs pour protéger les ailes arrière)
  • Liquide de frein haute température Castrol SRF
  • Kit Ohlins et géométrie avec hauteur de caisse
  • Traitement anti-rouille caisse (pratique pour une auto qui roule l’hiver)
  • Vente des jantes hiver premium pour passer à des jantes track comme celles montées en série comme ça look identique été et hiver !

Le montage du kit se passe très bien et nous échangeons beaucoup avec Royans Sport Racing pour définir une base. L’objectif n’était surtout pas de faire une caisse type tuning ou efficace uniquement sur un parking de macdo le samedi soir. Il fallait contrôler cette foutue détente, stabiliser les mouvements et la descendre un peu mais pas trop pour casser le débattement des amortisseurs et rester en capacité d’affronter toutes les routes, même très bosselées.

L’auto est donc rabaissée de 8 millimètres (on peut aller plus loin, mais notre cible était autour de 1 centimètre pas plus, un usage piste intensif aurait demandé sûrement d’aller plus loin). Et un premier réglage des clics est fait à 10 devant et 12 derrière. Je rappelle que ce réglage se fait en serrant à fond puis en comptant le nombre de clics de desserrage.

La géométrie sera bien sûr refaite, il n’y a pas beaucoup d’options de réglage, elle donc mise aux côtes constructeur, ce qui n’était pas le cas depuis la livraison semble-t-il …

Premier essai, même en quelques mètres sur une route bosselée on sent les mouvements de la caisse mieux maîtrisés et un confort supérieur, c’est sidérant. On part sur nos routes d’essai habituelles : du très rapide avec des cassures à certains endroits, et du très tournant avec des bosses. C’est très bien, on va toucher à rien, un petit doute sur le fait de durcir l’avant car en chargeant l’auto à l’avant en descente notamment, je ressens un peu trop de souplesse.

Je roule quelques jours et notamment un bon road trip en Suisse qui va confirmer que l’on a bien réussi à contrôler le côté instable de l’auto, mais qu’il faut encore durcir. Notamment quand l’huile a bien chauffé et après une grosse attaque on est encore un peu souple et on sent qu’on peut faire mieux.

Retour avec Royans Sport Racing, et en 3 minutes on tente un clic de plus devant et derrière, on passe donc à 8 devant et 11 derrière, et j’adapte la pression des pneus par rapport aux standards constructeur (2 à l’avant et 2, 2 derrière) en passant à 2, 1 devant et 2,3 derrière. C’est beaucoup mieux et surtout on a toujours une capacité d’absorption top et du confort, plus qu’en amortisseurs d’origine d’ailleurs.

Du coup, ça passe vraiment beaucoup plus fort et l’auto réagit à tout ce qu’on lui demande, on peut désormais corriger un peu, et surtout on sent vraiment la confiance dans le volant quand on place l’auto et tout au long du virage. Au-delà de 160-170, on sent un peu l’arrière hésiter légèrement, ce qui me fait dire qu’on pourrait tenter, vu que c’est très rapide de changer et de revenir en arrière si besoin) un clic de moins derrière.

Du coup on passe à 10 derrière. D’ailleurs pour info on se rapproche des réglages définis pour les Öhlins sur mon ex Renault Megane Trophy R.

Et là, ça y est on le tient le réglage ! Saperlipopette, du gros cette fois. On sent toute l’auto plus rigide, plus ferme, mais toujours avec du confort (un poil moins en modifiant ce dernier réglage à l’arrière, mais rien de gênant, on a toujours une super capacité d’absorption). On part sur notre route rapide d’essai. Cette route est le départ de l’ancienne spéciale du rallye Monte-Carlo Saint-Jean-en-Royans. Un départ très très rapide qui arrive vite sur de longues courbes, avec des cassures, des dévers, des virages qui se referment, de la montée et de la descente. C’est très exigeant pour les suspensions, et on voit toutes les phases intéressantes du fonctionnement d’un châssis.

L’auto est devenue géniale à conduire, elle se cale très vite dès le coup de volant initial, elle reste posée et avale toutes les courbes et cassures, on peut corriger si on est rentré trop vite que ce soit en soulageant ou en changeant légèrement l’angle du volant ou les deux, et cela reste très sain. Les enfilades sont stratosphériques, l’auto passe vraiment fort et les gauche-droite sont super bien gérés, sans mouvements perturbants. C’est de l’instantané. Cette fois ci je sens que l’auto fait ce que je veux, qu’elle se comporte sainement et efficacement. Et toujours sans casser le dos, en absorbant tout.

Je suis assez bluffé, et d’ailleurs on en vient à demander plus de puissance, signe qu’on a un châssis au top. On sent aussi beaucoup les pneus travailler, c’est clair qu’avec ces réglages, ils ne feront pas de vieux os, mais après tout ils sont là pour ça. Actuellement je change un train de pneus tous les 4000 kilomètres, je pense que là on va descendre. Les freins aussi sont plus sollicités car on est plus vite partout, il faut donc plus ralentir l’auto (enfin dans mon cas !!!).

Je ne peux que recommander ce kit, que chacun peut mettre à sa main en partant des réglages que j’ai indiqué pour la hauteur et la dureté, et ensuite jouer avec sa sensibilité et ses perceptions. Le talent du pilote joue aussi beaucoup bien entendu, du coup l’adaptation est importante. Je ne recommande vraiment pas de baisser plus l’auto pour ce genre d’usage et surtout de bien refaire la géo ensuite.

J’ai enfin le sentiment d’avoir ma mini WRC dans le garage et chaque bolidage qui se dessine me donne envie de la sortir !

On va donc garder la Yaris à l’EDG Racing. Qu’est-ce qui pourrait la remplacer ? Une évolution de la Yaris ? On entend parler mais entre les taxes françaises et les fausses rumeurs cela ne semble pas pour demain. Une concurrente de ce type ? Bof c’est tellement peu probable que je n’y crois pas

Quels défauts pour cette Yaris maintenant que j’ai fait 7000 km, un an et beaucoup essayé ? Et bien plus grand-chose…

  • Les questions d’habitacle sont réglées avec les rails et la rehausse du rétro sauf pour … les sièges !!! Si on pouvait avoir des Recaro comme les versions GRMN alors là ce serait le top…
  • Le volant est d’un bon diamètre mais trop fin, et avec un peu de tulipage et d’alcantara il serait parfait.
  • Le klaxon est le plus ridicule klaxon monté dans une voiture au monde, c’est simple, il a été récupéré sur une Ford T ou une De Dion-Bouton !
  • L’échappement est trop silencieux, sans tomber dans le tuning, il pourrait ronfler un peu plus. Je sais que moult options sont disponibles, mais la garantie constructeur ne les aime pas et ça a l’avantage de ne gêner personne sur la route et dedans le son de synthèse est bien sympa.
  • Les warnings quand on freine sont insupportables et impossibles à déconnecter, c’est pas une Yaris hybride de promenade, c’est une base de WRC, donc faite pour freiner fort … Allo Toyota ? on fait quoi là ?
  • Les freins vont bien mais pourraient être meilleurs à l’attaque. Je verrai ultérieurement si on joue sur les plaquettes, mais là ça va.

En conclusion, cela reste une auto unique en son genre, au look magique et au moteur surprenant qui marche vraiment bien et désormais c’est une auto ultra performante pour les petites routes. Un vrai bonheur !